La richesse des défilés de fin d’année à ESMOD Paris, Lyon, Roubaix ou Rennes, permet de redéfinir des tendances. Devant la créativité des silhouettes virtuoses de ces futurs professionnels, Planet Esmod n’a pu résister à un exercice de classification, toutes spécialisations confondues.
L’émotion communicative que ces exploits vestimentaires ont suscités, se répartie en deux grandes familles de tendances distinctes. Les unes inattendues, cérébrales, nostalgiques, réfléchies et parfois austères, répondent objectivement à un air du temps loin d’être toujours radieux. Les autres combattent cet assombrissement par une joie de vivre aussi généreuse que contagieuse. Résumé tendancieux.
Nouvelle Objectivité
Reflet d’un air du temps rarement rose, ces tendances sont résolument réfléchies. Soudain, l’émotion nait de la réflexion : la précision devient expérimentale, les constructions/déconstructions s’affichent cérébrales. Ce mouvement introspectif, sérieux, austère parfois, reflète une époque de doutes, un âge parfois guerrier, un quotidien difficile et un avenir incertain… Comme un hommage à l’avant-garde allemande de l’immédiate après première guerre mondiale décrite dans à l’exposition
« Nouvelle Objectivité » du Centre Pompidou (jusqu’au 5 septembre).
Toute ressemblance objective avec des éléments de nos quotidiens actuels n’étant pas totalement fortuite.
ARMY CORE
Les références martiales sont ici détournées avec panache. Volumes et matelassés protecteurs, coloris assombris ou invisibles, sangles et galons rigides cuirassent le corps. Des poches-sacs permettent de tout emporter avec soi. Un streetwear ‘prêt-au-combat’ pour guérilla urbaine (encore) pacifique.
La tendance Army dans les défilés d'ESMOD Paris et ESMOD Lyon
Créations de Raphaëlle Garolla (Homme) et Victoria De Looz-Corswarem (Luxe).
Au centre : Le sportswear de Leila Aatiq
A droite : silhouette de Xavier Lemaire en spécialisation Femme Luxe.
En dessous au centre : Création Homme de Lara Ponebsek entre deux silhouettes du défilé d'ESMOD Lyon.
DE CAPES ET D’EFFETS
Un romantisme de contes de fées drape les silhouettes de longs manteaux structurés, de capes enveloppantes ou de tops drapés. Des effets surdimensionnés et spectaculaires aux volumes XXL invitent une mode théâtrale. Pour parader.
Lors des défilés de la promotion 2022 d'ESMOD Paris et ESMOD Roubaix
De droite à gauche et du haut en bas : créations de Lucie Rivière, Alexis Eluard, Linnea Devos et derrière Jordan Renou, en spécialisation Nouvelle Couture.
Au centre : deux silhouettes de Nao Boccara et Qi Yan en spécialisation Luxe. Manteau drapé de Deanne Nguyen. Deux silhouettes de Yu Gao et Theo Katchoura (Nouvelle Couture).
En bas : au défilé d'ESMOD Roubaix.
Jeu de volants à ESMOD Roubaix
DECONSTRUCTION
Tout changer, tout casser, tout découper : une tendance déconstructiviste fait exploser les règles. Le déstructuré devient la structure même du vêtement. L’art du patchwork et la pratique de la lacération permettent d’upcycler d’anciens vêtements. Costumes et tailleurs sont atomisés. Ces vestiaires expérimentaux invitent une réflexion conceptuelle, éco-responsable et salutaire autour du vêtement.
Dans les Défilés d'ESMOD Paris, ESMOD Roubaix et ESMOD Rennes.
De haut en bas et de gauche a droite : Créations de Leane Cauchie (Emerging Talent) et Evan Verstraete (Sportswear). La lingerie vue par Margot Lallouni et Santa Andreani. Une silhouette Homme de Théo Acquistapace.
Au centre : Simon Hazebrouck (Sportswear) et Fanny Hbierre Andres (Prêt-à-Porter). Création Homme de Lara Ponebsek. Et le sportswear déconstruit d'ESMOD Roubaix.
En Bas : La Nouvelle Couture d'Anya Baghdassarian, celle de Nani Loa Gruet. Et le nouveau sportswear vu par ESMOD Rennes.
RECONSTRUCTION
Un formalisme inédit renverse les structures traditionnelles du vêtement. Repensée, redessinée, restructurée, cette garde-robe moderne invente une nouvelle avant-garde. Une ascèse intellectuelle souvent déclinée en noir et blanc, en gris ou en bleu jean. Des recherches géométriques invoquent le cubisme. La modestie n’est plus l’ennemie du paraître.
L'austérité affichée de la tendance Reconstruction à ESMOD Paris et ESMOD Lyon.
De gauche à droite : Léa Steck et Violaine Reine Joly en spécialisation Prêt-à-Porter. Création de Roberta Lucchini en spécialisation Design Emergent. Et le prêt-à-porter de Lou Gaillard.
Dessous : costume de Pierre Liautard (Homme) et ensemble de Roberta Lucchini (Talent Emergent). Trois silhouette au défilé d'ESMOD Lyon. Puis Le manteau reconstruit de Jules Guermeur.
Une garde-robe moderne questionne le classicisme à ESMOD Roubaix, ESMOD Lyon (en haut à droite) et ESMOD Rennes (en bas à droite)
MUTATIONS
Fluidité des genres et expérimentations spectaculaires imposent une mode mutante. Cette garde-robe de performance puise dans la richesse de la haute couture d’hier, les pièces uniques de la mode néo-manga de demain. Des études théâtrales mettent en scène une nouvelle forme d’expressionnisme parfois apocalyptique. Quand l’affirmation de soi permet de faire vibrer des messages universels.
Mutations inspirées à ESMOD Paris
De haut en bas et de droite a gauche : Deux créations de Naïs Barlet en spécialisation Luxe. Deux tenues Lingerie de Clara Fourrier. Et une silhouette d'Ayano Ichimasa en spécialisation Luxe.
En bas : Superpositions mutantes par Clara Aubepart (Talent Emergent). Un manteau extrême de Victoria De Looz-Corswarem (Spécialisation Luxe). Et un manteau XXL de Yu Gao (spécialisation Prêt-à-porter féminin).
Des volumes extrêmes bouleversent tous les codes à ESMOD Paris, ESMOD Lyon et ESMOD Roubaix.
Robe verte par Victoire Guyot (spécialisation Performance). Volume noir travaillé par Chiara Luciano (Nouvelle Couture). Silhouette mutante à Esmod Lyon.
Dessous : créations de Benat Moreno (Performance). Robe au masculin fluide de Jordan Renou (Nouvelle Couture). Et une combinaison mutante à ESMOD Roubaix.
Crédits Photos : Jean-Baptiste Pennel (ESMOD Paris et Lyon), Clément Decoster (ESMOD Roubaix)
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