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Photo du rédacteurPatrick Cabasset

Maurice Renoma : L’énergie du Modographe

Son éternelle jeunesse créative fait toujours des envieux. Mode, photo, design, scénographies, expos, voyages,… A 83 ans l’inventeur des costumes extravagants des "minets du drugstore" dans les années 60, continue à surfer en 2023 sur la vague créative de son temps.


Cristobal le poisson rouge est devenu la muse de Maurice Renoma. Désormais il l'hybride même sur ses modèles. Ici au sein de l'exposition qui lui est consacré à Trouville jusqu'à la fin de l'été.

Rarement un personnage aura été aussi en phase avec son époque sur une si longue période. Créant la marque Renoma avec son père, le tailleur Simon Cressy et son frère Michel, il ouvre la boutique White House Renoma en 1963. Cette institution, qui fêtera en octobre prochain ses 60 ans, va habiller le tout Paris avec des matières inédites pour le costume masculin : loden, drap de laine militaire, velours, tissus d’ameublement même ! Et dans des couleurs qui vont faire revivre l’intérêt pour une mode masculine alors bien terne. Avec ses blazers provocateurs, Renoma va alors séduire les "bandes" qui se développent dans les lieux d’avant-garde de la capitale : celle du Golf Drouot (célèbre salle de concert rock), celle du Drugstore (lieu mythique devenu la boutique Emporio Armani de Saint Germain), celle du Café Français sur les Champs Elysées, etc. Mais aussi toute la jeunesse dorée parisienne, à commencer par celle du lycée Janson-de-Sailly tout proche. La liste est longue de tous ceux qui ont porté sa griffe avec la désinvolture flamboyante qu’elle impose : Jacques Dutronc, John Lennon, Serge Gainsbourg, Andy Warhol, Salvador Dali, Bob Dylan, Yves Saint Laurent ou même Valéry Giscard d’Estaing vont afficher du Renoma. Tous vont croiser Maurice, son regard pétillant et ses idées iconoclastes.


Maurice Renoma, Modographe d'avant-garde.

Dès la fin des années 60 et son premier voyage en Inde, la mode hippie va aussi passer par son show-room, 113 avenue Victor Hugo. En 1970, il organise son premier défilé. Il y présente sa ligne femme, en lin, androgyne et provocante. Brigitte Bardot ou Jane Birkin la porteront en étendard. Le duo Gainsbourg/Birkin deviendra d’ailleurs l’image de Renoma dès le milieu des années 70, sous l’objectif de David Bailey, Guy Bourdin, Dominique Issermann ou Helmut Newton.


« Je crois que l’essentiel dans la vie est de toujours s’exprimer » Maurice Renoma.


Durant les années 1980, sa veste multi-poches va séduire les nouveaux adeptes du mouvement et des voyages permanents. Il en vendra quelques 150 000 exemplaires rien que dans sa boutique de la rue de la Pompe. Un succès commercial qui va lui permettre de s’établir bientôt dans le monde entier. 25 licences de la marque vont naitre rien qu’en Corée du Sud. Les années 90 riment ici avec faste international. La mode de Maurice Renoma est vendue en Europe, au Vietnam, en Chine, etc.

C’est aussi l’époque où le goût pour la photographie devient essentiel à Maurice. Ne trouvant pas de photographe capable de traduire sa créativité, il s’approprie son image en photographiant ses propres campagnes de publicité. Plus de 200 vidéos enrichissent les images fixes qui définissent son univers. La liberté et la nonchalance définissent d’abord son style.



Jane Birkin et Serge Gainsbourg, égéries Renoma des années 70.

Atypique, parfois licencieux, son travail photographique s’inscrit dans la lignée provocatrice de ses collections. Il se définit alors comme « modographe », à la fois passionné de mode et de photo. « Je crois que l’essentiel dans la vie est de toujours s’exprimer » affirme-t-il. Et il n’y manquera pas. Son œil poétique se pose aussi bien sur les jungles urbaines de Tokyo ou de Miami que sur la campagne normande. Créant un bestiaire fantastique, construisant des hybridations inter-sexes, photographiant sans relâche son univers de style, il va exposer dans plus de 100 galeries dans le monde entier. Depuis 2001, il possède même le Renoma Café Gallery, lieu de vie, restaurant et galerie d’art, avenue Georges V. Plus récemment il a aussi ouvert L’Appart Renoma au-dessus de sa boutique historique. Un lieu "habité" de 220m2 qui lui permet d’imaginer de véritables expositions d’art contemporain, sa nouvelle passion. Il en profite pour bousculer cet espace d’émulation artistique, le transformant tour à tour en salle de concert, en galerie d’installations immersives, etc. C’est là que s’ouvrira l’exposition des créations de la promotion 2023 d’ESMOD, la première quinzaine de juillet. Une école qui n’est pas étrangère à Maurice... Née en 1975, sa fille Stéphanie Renoma, styliste depuis 1999 -et devenue elle aussi photographe en vogue- y a fait ses études de mode.


L’Appart Renoma, 129 Bis rue de la Pompe, Paris 16é.


Andy Warhol dans la veste multi-poches signée Maurice Renoma

Cristobal le poisson rouge dans une exposition à L'Appart Renoma. Avec lui l'artiste défend sa philosophie naturaliste de la vie et remet en question nos modes de vie.

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