Le créateur japonais Tomo Koizumi présentait sa collection monumentale « Dress as Painting, Painting as dress » du 25 au 27 septembre dernier au sein du campus parisien de l’école.
Prolongeant sa volonté d’ouverture sur le monde et plus précisément sur le monde professionnel, ESMOD a ouvert ses portes fin septembre au créateur japonais Tomo Koizumi.
Dans la lignée du salon Untitled qui se déroulait dans ces mêmes locaux les saisons précédentes, l’atrium de l’hôtel particulier ESMOD rue de La Rochefoucauld a permis au jeune créateur de mettre en scène sa collection printemps-été 2024 au cœur de la semaine de la mode parisienne.
Après une première journée réservée à la presse, deux jours de présentation de ses créations ultra-colorées aux acheteurs et au public ont été l’occasion pour les étudiants d’ESMOD d’approcher son travail de plus près.
Défilant à Milan en février dernier, le créatif autodidacte soutenu à l’occasion par la maison Dolce&Gabanna, s’exprime dans un registre résolument spectaculaire et baroque. Tulles et satins froncés en volumes étonnants se déclinent en tenues monumentales, comme sculptées et colorées jusqu’aux fluos. Appuyé cette saison par le Fashion Prize de Tokyo, il décline ici sa philosophie première de la mode : « Que les pièces de mode puissent être traitées comme de l’art ».
« Depuis que j'ai commencé à poursuivre une carrière de mode, dès l'adolescence, j'ai toujours admiré les œuvres qui sont plus qu'une simple robe, affirme-t-il. J'ai parcouru un long chemin en aspirant à confectionner un jour une telle robe. Heureusement, le Metropolitan Museum of Art de New York et d'autres musées au Japon et à l'étranger ont collectionné mes œuvres, et je pense que je réalise peu à peu le rêve que j'avais à l'adolescence ».
Mais Tomo se sent parfois mal à l’aise dans les musées lorsque les gens tentent de toucher les robes exposées. Dévaluant ainsi leur valeur artistique sous prétexte de se retrouver face à des "objets pratiques à porter" et non des œuvres d’art à part entière.
A partir de ce sentiment, il a amorcé une réflexion sur la frontière entre la mode et l'art : « Ayant étudié la peinture à l'université, j'ai commencé à créer des œuvres d'art contemporaines il y a un an, poursuit-il. La production de ces œuvres m'a permis d'acquérir de nombreuses connaissances que je n'aurais pas pu avoir au cours du processus de création d’une simple collection. Cette collection a été créée à partir d'idées et de techniques issues du processus de création artistique. Dans cette collection, j'ai essayé de créer quelque chose qui soit plus qu'une simple robe, quelque chose qui soit à la fois une robe et une peinture, à la fois de la mode et de l'art. J'espère que mes créations et mon message changeront le regard du monde sur la mode, ne serait-ce qu'un peu ».
Et quel plus bel écrin qu’une école, centre de recherches et de remises en causes permanentes, pour exposer des recherches aussi innovantes ?
Pour Tomo Koizumi, la mode est un art. Et rien n'arrête sa créativité hors normes.
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