Olivia Mutte affirme que ses mains sont plus habiles que sa parole. Pourtant, la fashion designer nous impressionne par son sens de la formule : « Je ne chasse pas le grandiose mais la sincérité ». Son portfolio, tout en indiquant une grande matrise de l’image, prouve également un amour profond des mots.
La collection Dal-Hae, clôturant trois années de scolarité à ESMOD Lyon, manifeste une aptitude à la nuance qui s’épanouit dans les jeux de transparence, la science du contraste, l’équilibre des proportions. Une allure avec un propos, une harmonie chargée de sens, renforcées par la virtuosité du coup de crayon. En enchâssant la lumière dans l’obscurité, en unissant l’essence de l’ombre et de l’éclat, les créations d’Olivia Mutte attestent le pouvoir poétique et réconciliateur du vêtement. Davantage qu’un thème : une quête !
Planetesmod : Qu'est ce qui est à l'origine de votre envie de travailler dans la mode?
Olivia Mutte : L'attraction pour la mode m'est venu assez tardivement, bien que, comme la plupart, j'ai toujours eu goût à m'habiller quotidiennement. J'ai l'âme créative et depuis mon plus jeune âge, j'aime toucher à tout : le dessin notamment, qui me suit encore aujourd'hui et demeure ma corde sensible. Je joue au piano depuis mes 7 ans, je peins, photographie, mes mains sont plus habiles que ma parole.
Si aujourd'hui cet attrait s'exprime dans la mode, c'est surtout grâce à mes parents qui m'ont encouragé dans cette voie, après une suggestion timide de ma part. Ils ont été l'élan de confiance, qui aujourd'hui me voit clôturer ces trois belles années, plus épanouie que jamais.
Comment définiriez-vous votre collection de fin d’études ?
Ma collection est avant tout un message spirituel qui invite à une certaine humilité et simplicité. Je ne chasse pas le grandiose mais la sincérité. C'est le Yin et le Yang, le cœur même de ce tableau qui nous rappelle la petitesse de l'homme face à l'inéluctabilité des contrastes d'une vie. Le bon et le mauvais, l'obscurité et la lumière, nul n'y échappe. C'est dans l'acceptation que je l'ai traité, en choisissant l'éclipse, qui par son existence même prouve la beauté de cette symbiose des antipodes. L’Eclipse embrasse à la fois l'astre du jour et de la nuit, ce halo lumineux qui se détache sur une surface occultée. A son instar, cette collection joue de subtilités ; des matières brillantes, captant et reflétant la lumière, nuancé avec d'autres plus brutes et mates. Des jeux de transparence, de bombages sur le denim. La lumière survit malgré l’obscurité. Cet échange est galvanisé par la rondeur des volumes, l'absence de fournitures visibles, la simplicité globale.
Vos projets?
Pour le moment, tout est très incertain. J'aimerai tout de même me recentrer sur l'illustration de mode, les prémices même de la création, l'aspect plus spontané et libre qu'elle offre.
Crédit photos : Camille Ginon
Comments