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  • Writer's picturePatrick Cabasset

Formation : Quand le sens de la responsabilité sociétale enrichit le style.

Evidence : la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est désormais au cœur des travaux de l’ensemble des étudiants d’ESMOD International. Impossible pour ces professionnels de demain de concevoir une collection sans reconnaître et intégrer les enjeux de la société, de l’économie et de l’environnement. Des paramètres autrefois rigides qui ouvrent désormais la voie à des travaux d’une étonnante sensibilité. La preuve à travers le dossier d’exception de Master en Direction Créative (D.A.) de Hilal Sarsour et celui "no gender" de Naïma Djoudi, Master d’Entrepreneuriat en Fashion Design. Toutes deux lauréates de la promotion 2022 d’ESMOD.


HILAL SARSOUR : DES RECHERCHES RESPONSABLES ET SENSIBLES


Dans le dossier "Slumber of Emotions" d'Hilal Sarsour

« A la fin, je suis la créatrice de mon propre univers » déclare Hilal Sarsour, 26 ans, en préambule de son dossier de Master of Art. Intitulé « Slumber of Emotions » (Rêve d’Emotions) ce travail magnifique s’ouvre sur une collection de mood board inspirés, riches, hétéroclites, nébuleux parfois. Un peu à l’image de sa vie entre Israël et Colombie, les patries de ses parents respectifs. Et puis Paris, la ville de la mode, sa passion depuis l’enfance. « J'ai toujours fermement cru que c'est nous qui choisissons notre propre destin, après tout, la vie est faite des choix que nous faisons » affirme t’elle, passionnée. Citant pêle-mêle Gaston Bachelard (la poétique de l’espace), Kate Fletcher (mode et durabilité), Valérie Steel (la robe noire), Hussein Chalayan et l’art abstrait, elle met en place un concept où se côtoient le montré et le caché, des matières artisanales et un besoin de vêtements évolutifs, transformables. Ses tissus bi ou tri-matières font preuve de cette volonté de recherches libres et multi-dimensions, à travers des essais rugueux, craquelés, froissés, bouillis, collés, brulés, etc.


Hilal Sarsour (a gauche) et deux de ses créations de Master dans sa collection "Slumber of Emotion"


Une feuille d’orchidée peut ici se recouvrir d’un revêtement fixant et se parer d’une broderie. Un haut structuré s’habille de feuilles stabilisées. Des brindilles de bois enrichissent une autre broderie, du rotin structure un bustier de polyester arachnéen, etc.

Ses créations évoquent à travers ses propres commentaires le ‘bordel des sentiments’. Mais au final ses silhouettes romantiques "Effet papillon", "Cercles des sentiments infinis" ou "Sentiments quelque peu cachés" séduisent franchement.

« Je pense que d'une manière ou d'une autre, j'ai déjà trouvé ma propre place dans ce monde, un endroit qui me rend heureuse et libre, un endroit dans lequel j'ai rencontré les personnes les plus incroyables et la bonne façon de réaliser mes espoirs et mes rêves, conclut-elle. J'attends avec impatience ce que l'avenir me réserve, car comme la rivière qui coule, la vie a toujours une touche magique. Elle vous emmène avec son écoulement vers les bons endroits et les bons chemins, auxquels vous vous attendez le moins ».


Rotin, fil de métal ou de soie, coulures, brûlures,... Tous les procédés enrichissent les créations d'Hilal Sarsour

Aujourd’hui diplômée d’un Master en direction créative, Hilal Sarsour recherche un stage dans un studio de création et travaille avec tout autant de passion sur son projet caritatif women@dior pour l’Unesco (Women Leadership & Sustainability Education Program at Christian Dior).



NAÏMA DJOUDI : L’INCLUSIVITÉ EN TOILE DE FOND


D'une poésie sombre, la collection inclusive et 'no gender' de Naïma Djoudi impose un romantisme visceral. Modèle Selva Anthony Strehlau. Photo Quentin Guiomard.

« Je trouverais juste déplacé de ne pas m’adresser à tous les genres, tous les styles, toutes les ethnies, toutes les tailles à travers mon travail », annonce Naïma Djoudi, 22 ans. « Je vis au milieu de gens tous différents. Leur représentativité dans mes créations me semble donc normale ». Loin d’en faire un sujet de dossier, l’inclusivité s’impose naturellement à travers ses propositions créatives. Si le sujet de l’inclusion lui tient à cœur, c’est intégré à ses recherches de style. Elle en parle comme d’un cahier des charges, une évidence, jamais comme d’un sujet principal. Ici chaque création est portée par une personnalité de son univers. Le choix de chaque vêtement lui est propre.


A gauche : Pour sa collection "I Was a Clown", Naïma Djoudi a choisie Christale Copaver pour porter cette longue robe asymétrique drapée en crêpe envers satin. Photo Oihana Ospital. Au centre : Naïma Djoudi en backstage de sa séance photo entre Thomas Zermati et Cristale Copaver. Photo Marylin Aubert. A droite Naïma Djoudi. Photo Quentin Guiomard.


Sa collection de Master « I Was a Clown » détourne par exemple l’esthétique traditionnelle du clown tour à tour triste et joyeux, cynique et sensible. "A quoi pourrait ressembler un clown moderne ?" s’est elle interrogée. La dualité du clown classique, cynique et fragile à la fois, lui permet d’exprimer une nouvelle beauté sombre, un romantisme d’aujourd’hui. Une ouverture d’esprit qu’elle exprime mieux à travers le flou et les drapés. Formée en stylisme et en modélisme à ESMOD, en Bachelor puis en Master, Naïma maitrise également l’aspect tailleur de la mode. Côté tissus, elle s’intéresse moins aux processus de recyclages qu’à l’utilisation des rouleaux de fins de séries issues de la couture. « L’aspect des tissus recyclés n’est souvent pas assez luxueux, avoue-t’elle. Or je privilégie un prêt-à-porter de luxe à travers mes recherches. Donc je recherche pour l’instant davantage des tissus existants, délaissés, mais neufs et accessibles évidemment. Lorsque les recherches de textiles recyclés auront atteint un niveau plus haut de gamme, je regarderai sans doute davantage ces procédés ».



Pour Naïma Djoudi, Hélio Chen porte une combi-short en lin noir. Photo Oihana Ospital.

Forte d’un caractère décidé et de son Master d’Entrepreneuriat en Fashion Design, elle travaille sur ses propres projets créatifs et ceux de ses amis. En attendant de trouver le stage de ses rêves au sein du studio d’une maison de prêt-à-porter de luxe.

Intagram : @naima.djoudi

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