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Photo du rédacteurESMOD

Anastasia Ruiz, impression 3D…pro de demain

C’est à Who’s Next en Janvier que nous avions rencontré pour la première fois Anastasia. Dans ce contexte professionnel, cette étudiante de 3ème année en couture, faisait déjà figure de pro de la 3D nous ouvrant des pistes très intéressantes d’innovation au service de la mode et de la création. Son approche du métier faite d’humilité et de détermination, ses réflexions et expérimentations sur les nouvelles technologies appliquées à la mode, ses expérimentations du lien aujourd’hui fondamental entre l’image et de la communication, ses talents d’illustratrice, font de cette étudiante le prototype idéal et enthousiasmant d’une professionnelle du futur… Cette deuxième rencontre nous ouvre à d’autres facettes de son talent, avec un travail multi facette, étonnamment sensible à l’éthique comme combat et à la nature comme source d’inspiration.



Vous avez d’abord travaillé à la fondation d’Art de Nantes, qu’elle a été l’importance de cette année avant de poursuivre vos études de mode…qu’elle en est l’influence sur votre façon d’aborder la mode? Après un bac Sciences économiques et sociales, j’ai effectué une année de mise à niveau d’arts appliqués à LISAA à Nantes. Cette année préparatoire m’a permis de trouver ma voie. J’étais très intéressée par l’art depuis mon enfance, mais je ne savais dans quel domaine me spécialiser. Lors de mon expérience d’arts appliqués à Nantes j’ai pu découvrir aussi bien l’illustration, le design graphique, l’architecture que le modèle vivant. Une véritable initiation qui m’a naturellement orientée vers la mode car c’est un domaine qui regroupe toutes ces différentes disciplines. Vous êtes à la fois architecte du corps, illustrateur, designer graphique. C’est un métier où il faut être polyvalent, et qui a une force de créativité infinie. C’est ce qui me stimule particulièrement dans mes projets et dans mon envie d’entreprendre. Puis j’ai intégré Esmod à Bordeaux et je garde de très bons souvenirs à l’école Esmod, qui est une petite école à taille humaine.



Le sujet de cette année pour la troisième année est l’innovation… Est-ce à la base de votre collection Virus dévoilée au salon Who’s next avec la Fashion Tech, c’est votre collection pour la fin de l’année? La collection Virus n’est pas ma collection de fin d’année, c’est un projet que j’ai réalisé en plus de mon programme scolaire. Sculpteo, un service d’impression 3D en ligne, souhaitait explorer les possibilités de sa technologie dans le secteur de la mode, ainsi en partenariat avec ESMOD ils ont lancé un concours pour sélectionner un étudiant. La collection Virus a donc été créée lors de cette collaboration. Dans ce cas précis, l’impression 3D était la source d’inspiration de la collection. « Le nom Virus » est une métaphore sur le monde d’aujourd’hui, qui s’adapte, qui évolue constamment. On peut aussi y voir un parallèle avec cette technologie qui prend de plus en plus d’ampleur aujourd’hui et ouvre les possibilités dans de nombreuses industries. Cependant, Je vais la présenter en plus de ma collection de fin d’année que je réalise actuellement.


Qu’avez-vous appris dans les différentes collaborations avec Sculpteo et la Fashiontech ?

Ma rencontre avec Sculpteo m’a énormément enrichie. J’ai appris à travailler en équipe, avec des professionnels venant d’univers très différents comme les ingénieurs ou commerciaux, à travailler avec une technologie dont on ne connait pas encore les possibilités, et à rendre concret un projet que j’ai pus suivre et diriger de A à Z en collaboration avec Sculpteo durant 3 mois en plus de mes cours à Esmod. Cela m’a permis de concrétiser mon souhait, celui de travailler avec ces nouvelles technologies afin de développer une mode éthique. Avec cette envie c’est naturellement que j’ai rejoins la fashiontech afin de réunir l’écosystème de la mode et de la technologie dans une perspective de développement durable. A l’avenir j’espère continuer à lier mode et innovation dans mes projets aussi bien professionnels que personnels.



Les limites de l’impression 3D, ses champs de développement? Allez-vous continuer à explorer ces techniques?

Pour le moment, pour le domaine du textile, l’impression 3D est un peu limitée au niveau des matériaux. Mais la R&D dans ce domaine avance très vite et nous pouvons espérer de grandes avancées au niveau des matériaux accessibles d’ici 5 ans je pense. C’est au niveau des matériaux vers plus de souplesse et de naturel, que la technique devrait s’ouvrir avec l’utilisation du lin et même du coton, cela ouvrirait de nouvelles perspectives. Cependant la collection « Virus » a permis de dépasser certaines des limites de cette technique aujourd’hui. En créant des articulations sur les mailles que nous avons développées, nous avons contourné les difficultés ses applications au vêtement. C’est peut être cela le plus important que j’ai appris lors de l’étape de conception. Avec l’impression 3D il faut changer sa manière de concevoir un vêtement. Par exemple pour obtenir de la flexibilité dans le haut, comme le matériau utilisé, le Polyamide, était rigide, nous avons pensé un design entièrement articulé et imprimé en une seule fois pour gagner en souplesse. Cela permet de permettre une aisance totale dans le vêtement, ou encore de créer des motifs en relief que l’homme ne peut réaliser manuellement et avec un temps record. Donc, oui je souhaite continuer à explorer cette voie très prometteuse. D’ailleurs, j’espère vous en dévoiler plus dans les prochains mois sur le projet que je suis entrain de développer, mais c’est un secret pour le moment !



Dans votre travail vous semblez vous intéresser au corps, au mouvement, les résultats avec les imprimantes 3D sont à aujourd’hui assez rigide, loin du corps, un sujet de réflexion pour vous?…. Avez-vous réussi à expérimenter des matériaux plus souples, votre recherche va dans ce sens?

Je suis fascinée par le corps, je réalise de la photo de nue quand j’ai un peu de temps, j’apprécie l’approche du corps par rapport à la sensualité, les courbes, les lumières, les ombres, la poésie qu’il dégage. Ca me permet de mieux le comprendre, pour mieux l’habiller ensuite !



C’est un très bon sujet de réflexion qui m’inspire, et avec Sculpteo dans la collection « Virus », nous avons travaillé dessus. Comme pour le top qui est en maille complètement articulée, grâce à un scan 3D nous avons pu le modéliser sur mesure par rapport à la morphologie d’une personne. Avec l’impression 3D, le sur-mesure ne sera plus seulement exclusif au monde de la haute couture, il pourra s’appliquer aussi dans le prêt à porter.



Les designers d’aujourd’hui qui vous suivez avec intérêt?

J’admire le travail d’Iris Van Herpen, qui réalise des pièces incroyables, mais j’ai plus été influencée par le travail de Danit Peleg qui propose une collection plus casual. Contrairement à ces deux créatrices, j’ai voulu lier la tradition et l’innovation. C’est pour cette raison que j’ai pris le parti de garder du textile traditionnel dans la collection et d’utiliser l’impression 3D comme outil pour créer l’ornementation des tenues comme un imprimé en relief, type broderie.



Comment travaillez et sur quoi travaillez-vous pour votre diplôme ?

En ce moment je travaille sur ma collection de fin d’année, je n’utilise pas d’impression 3D pour des raisons financières et il faut continuer à développer les matériaux utilisés plus traditionnellement en couture, mais certains éléments de ma collection auraient pu être imprimés. Je suis en spécialité haute couture, donc il y a beaucoup de travail à la main. Ma collection s’inscrit dans un univers qui est un mélange entre la science-fiction et le monde enfantin. J’aime raconter des histoires, comme si je créais des films. Ma collection est entièrement en organza de soie, avec des matières plastiques à effet optique. On a pas mal de jeux de lumières et de couleurs avec les matériaux utilisés, et de nombreuses broderies…

Comment êtes-vous organisé pour pouvoir travailler comme illustratrice, photographe, styliste, développer des innovations et aboutir votre collection de fin d’année ? Depuis que je suis à Esmod, je me suis organisée de façon à en plus de mes études m’investir dans d’autres domaines qui me passionnent comme l’illlustration et la photographie. Mes différents stages m’ont permis de faire des rencontres, de montrer mon travail et de pouvoir collaborer sur des projets avec des entreprises. Il ne faut pas seulement se reposer sur notre formation pour réussir, mais au contraire faire des projets à côté, tout est une question de motivation et d’organisation. C’est à nous de créer notre propre chemin. La pluridisciplinarité dans mon travail est ce qui me stimule le plus, découvrir de nouveaux champs d’application est une manière de toujours se réinventer et rester innovante. Oui, à terme je souhaite commercialiser ma collection, mais je préfère ne pas trop me précipiter non plus, il y a d’autres compétences à partager et à acquérir. Je veux prendre le temps de bien me construire, mais j’envisage de participer à des concours pour jeunes créateurs pour me développer et percer en tant que créatrice.



Comment imaginez-vous le futur de la production du vêtement et du rôle des stylistes avec la 3D?

Je pense qu’il va y avoir une révolution dans le domaine de la mode. Les nouvelles technologies vont permettre à la fois de répondre à des besoins que l’on ne pouvait pas satisfaire auparavant, mais aussi permettre de créer une mode plus éthique et qui a plus de sens. Par exemple avec ma collection Virus, j’ai pu aller encore plus loin avec un travail de broderie imprimé en 3D que je n’aurais pu réaliser manuellement du à la complexité technique, au temps et cout que cela aurait demandé. Mais il y a fort à parier qu’avec des projets comme celui d’Electroloom qui travaille sur l’impression 3D de coton, il y aura de nouvelles possibilités d’application dans le secteur textile.




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